Constant DETRÉ Artiste Peintre ( 1891 - 1945 )
SA VIE
Constant ( ou Constantin) DETRÉ ( et non Détré, comme souvent écrit par erreur ) de son vrai nom Szilárd (= Constant ) Eduard DIETTMANN, né au temps de l’Empire Austro-Hongrois à Budapest (Hongrie), le 2 janvier 1891 et décédé à Garnat sur Engièvre dans l’Allier (France), le 10 avril 1945, est un artiste dont l’existence est entourée de mystère. En effet sa fille unique, née à Moulins (Allier) en 1945, qui a entrepris de sauvegarder son œuvre et son souvenir, ne possède que peu de documents le concernant.
La biographie de l’artiste est donc difficile à établir, à cause du manque de références sûres. Tout ce que l’on sait avec certitude, est qu’il est descendant d’une lignée d’artistes d’Europe centrale. Son arrière- Grand-Père, Clémens DITTMANN, d’origine germanique, était sculpteur, il quitta Vienne au début du dix-neuvième siècle pour s’établir à Budapest avec sa famille où il travailla sur plusieurs bâtiments importants (1). Son Grand-Père Eduard DIETTMANN, sculpteur lui aussi épousa une Hongroise (2-3) Quand à son Père, Eduard DIETTMANN , mécanicien en machines à vapeur, n’aurait donc apparemment pas laissé de trace artistique.
Ces maigres informations ne sont guère enrichies par celles concernant son enfance, son adolescence, ses années de formation pourtant essentielles à la compréhension intime de son œuvre. Une seule chose est sûre : il grandit et fait ses études secondaires à Budapest, mais déjà orphelin de père, il perd sa mère à l’âge de dix-huit ans. Le voilà désemparé. Il cherche sa voie. On peut imaginer sans difficulté, que ses dons de dessinateur et de peintre vont l’orienter vers une carrière artistique. C’est Maurice Henrion (4) son futur ami parisien (cf.infra) à qui il fit nombre de confidences, qui nous apprend qu’il séjourne à Munich où il travaille la peinture avec Simon HOLLÓSY qui organisait pour ses élèves des séjours dans les Carpathes dans le cadre de la formation qu’il dispensait dans son école de peinture privée fondée en 1886.
Paris était bien sûr un passage obligé en Europe pour tout artiste souhaitant parfaire son art, Constant DETRÉ ne fait pas exception à la règle. Il vient à Paris pour la première fois avant 1914 pour se familiariser avec la peinture française, puis retourne en Hongrie, mais tout naturellement, ayant déjà séjourné à Munich et connaissant parfaitement la langue allemande, il retourne dans la capitale bavaroise où il sera metteur en scène d’une troupe de pantomimes, puis à Paris, pour l’exposition des arts décoratifs de 1925, il fera, à cette époque, la connaissance de Henri MATISSE, Raoul DUFY, FOUJITA , et PASCIN.
Un premier mariage avec Marie Mirkovsky (5) s’était soldé par un divorce sans enfant. Après son second mariage avec une Bourbonnaise, rencontrée à Paris, Claire CARNAT , elle-même artiste, spécialisée en gainerie et tabletterie, le 30 décembre 1933, il se fera naturaliser français le 27 novembre 1936.
Une Vie trop tôt abrégée :
Durant les derniers mois de sa vie, ses amis moulinois organisent une exposition-vente chez DARNAT, maroquinier à Moulins (Allier) en Décembre 1944, où il peut effectuer sur commande, des portraits d’enfants : des Moulinois, mais aussi d’autres personnes qui viennent même de Vichy se faire dessiner en son atelier (6). Le Maire de Moulins, Henri GROMOLARD souhaite même le voir et l’accompagner à son atelier pour admirer ses œuvres comme l’atteste une lettre de la Mairie en date du 17 février. Lui qui avait vécu tant d’années misérables allait connaitre la notoriété et la reconnaissance de son art et pouvoir enfin vivre dans l’aisance.
Mais gros fumeur, il contracte un cancer des voies respiratoires : en l’espace de quelques semaines, il se consuma « comme un fagot de bois mort » (Maurice Henrion) , alors que la naissance de sa fille Marie-Claire, quinze jours avant sa disparition, venait de lui apporter une grande joie.
Après sa mort, la plupart de ses œuvres furent confiées par la veuve de l’artiste à M. Henrion jusqu’à la majorité de sa fille, ou accrochées aux murs de la maison où il termina son existence. De son vivant peu d’expositions furent organisées, d’où le faible retentissement de son œuvre qui ne fut citée au Bénézit que très tardivement (1999).
NOTES
(1) - Eglise Catholique de Budapest-Ferencvàros, -- Palais Karolyi construit en 1822 ( un des bâtiments les plus importants du 5è arrondissement de Budapest)
L'Amphithéâtre du Théâtre National (1837)
(2) Particularité dans la famille Diettmann, les hommes étaient Protestants Evangéliques (= Luthériens) les femmes Catholiques: à chaque mariage, une dispense était requise pour célébrer la cérémonie nuptiale à l’église Evangélique de la Place Deàk à Budapest.
(3) L’orthographe change sur les actes officiels (avec ou sans E) selon le pays d’origine ( Allemagne, Autriche ou Hongrie)..
(4) Belge d’origine, Trésorier de la Critique Etrangère de France, ainsi qu’il se décrit sur la plaquette de présentation de la vente évoquée plus loin. On lui doit aussi plusieurs oeuvres littéraires : Arc-en-Ciel au couchant, Ballade d’un homme libre (1963), Le Devin sur les grands routes. Poésies.
(5) Mary Mirkovsky était, parait-il, danseuse à Budapest ?
(6) L'artiste créa plus de 150 oeuvres pour cette exposition-vente.